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Césariennes en Belgique : presque toujours pratiquées pour des raisons médicales

12-09-2022

Un nouvel audit se penche sur l’évolution et sur la qualité des césariennes. Voici les recommandations

Les chiffres de l’OCDE révèlent que le pourcentage de césariennes augmente dans le monde. Une augmentation qui n’est pas sans susciter des inquiétudes étant donné les inconvénients de cette intervention. Précédemment, une étude du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) avait pointé le fait que le taux de césariennes en Belgique était inférieur à la moyenne de l’Union européenne. Le KCE recommandait alors de continuer à surveiller cette évolution. C’est la raison de ce nouvel audit réalisé par l’Unité Audit des Hôpitaux (AFMPS, INAMI, SPF Santé publique).

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Étude de l’évolution et de la qualité des césariennes

Pour en savoir plus sur la façon dont les césariennes sont pratiquées et suivies en Belgique, les auditeurs se sont basés sur les indicateurs suivants, issus de la littérature scientifique :

  • le taux de césariennes en hôpital et les facteurs qui l’influencent
  • la rapidité avec laquelle une césarienne non programmée peut avoir lieu et les facteurs qui l’influencent (délai décision-incision)
  • la prévention d'infections
  • l’information de la patiente
  • la gestion des données relatives aux césariennes en milieu hospitalier
  • l’auto-évaluation de la politique médicale relative aux accouchements.

Nous avons analysé ces indicateurs en nous aidant :

  • des données de facturation et des données hospitalières médicales anonymisées
  • d’un questionnaire en ligne complété par tous les hôpitaux
  • d’un audit de terrain auprès d’un petit groupe d’hôpitaux :
    • des entretiens avec les chefs des services de maternité et de soins infirmiers-obstétriques
    • une analyse de séjours hospitaliers sélectionnés de manière aléatoire.

Aucune hausse inquiétante, mais des différences entre hôpitaux

Nombre de césariennes par hôpital

Le pourcentage de césariennes par rapport au nombre total de naissances varie fortement d’un hôpital à l’autre : en 2019, il oscillait entre 13,5 et 30,6 %. Ces différences ne s’expliquent pas d’un point de vue géographique. La plupart des césariennes sont pratiquées pour des raisons médicales. La raison la plus fréquente est le fait que la patiente ait déjà dû recourir à une césarienne précédemment.

Rapidité d’action pour les césariennes non programmées

En semaine, 57 % des hôpitaux peuvent effectuer une césarienne non programmée endéans les 15 minutes, et 96 %endéans les 30 minutes. La nuit et le week-end, ce pourcentage est respectivement d’environ 30 % et 84 %. La région ou la taille de l’hôpital n’ont pas de grand impact sur le temps écoulé entre la décision et l’incision. En revanche, la procédure de mise en route d’une césarienne a bel et bien un impact : l’audit de terrain met clairement en évidence l’importance d’un système uniforme de ‘triage’ et de protocole d’urgence. Nous constatons aussi la plus-value qu’apportent de bons processus.

Prévention des infections

Environ la moitié des hôpitaux n’ont administré des antibiotiques pour prévenir une infection que durant l’intervention ou lors du clampage du cordon. Bien que ce ne soit pas toujours possible en situation d’urgence, il est néanmoins recommandé de le faire avant d’inciser : c’est à ce moment-là que la prophylaxie agit le mieux.

Lettre de sortie

Lorsque la patiente quitte l’hôpital, la lettre de sortie représente une source importante d’informations de santé pour les dispensateurs de soins qui se chargeront de la postcure en dehors de l’hôpital. Or, les informations relatives à la médication de sortie ne figuraient pas dans la majorité des lettres de sortie.

Codage

Des soins de qualité nécessitent de coder correctement les diagnostics et les procédures (ICD-10-BE). Ceci a aussi une incidence budgétaire. Grâce à des données standardisées, il est possible de comparer les données de différents hôpitaux et de les échanger entre tous les dispensateurs de soins. Ce codage ne se fait cependant pas toujours de façon correcte.

Auto-évaluation

La concertation et le soutien entre les gynécologues obstétriciens de l’hôpital sont considérés comme positifs et conduisent à ajuster la politique médicale entourant les accouchements. L'auto-évaluation par les médecins et l'hôpital est importante pour la qualité des soins et stimule les mesures pour la promouvoir.

Déjà un premier effet positif

Lors de nos contacts avec les hôpitaux, nous avons constaté que l’audit a déjà incité plusieurs établissements à revoir leurs processus.

Nos recommandations : mettre l’accent sur la prévention et l’information

Voici un résumé de nos recommandations :

  • Éviter une première césarienne autant que possible. Elle pourrait conduire à d’autres césariennes lors de grossesses ultérieures.
  • Raccourcir le délai entre la décision et l’incision en prévoyant un système uniforme de triage et de protocoles d’urgence. Établir une procédure pour les actes à pratiquer dans un délai critique et les intégrer dans un trajet de soins.
  • Administrer les antibiotiques avant d’inciser pour mieux prévenir les infections. Ceci peut faire l’objet de procédures.
  • Mentionner dans les lettres de sortie toutes les informations nécessaires. Pour ça, les hôpitaux et le secteur peuvent proposer un ensemble minimal de données à y inclure.
  • Coder correctement les données hospitalières (conformément à l’ICD-10-BE) pour qu’elles puissent être comparées et échangées entre tous les dispensateurs de soins.
  • Favoriser la concertation entre médecins et l'auto-évaluation, qui contribuent à ajuster la politique médicale concernant les accouchements.

Unité Audit Hôpitaux

L’Unité Audit Hôpitaux est une équipe fédérale avec une structure de co-gouvernance (AFMPS, INAMI et SPF Santé publique). Elle réalise des audits thématiques dans les hôpitaux et les soins para-hospitaliers. La mission de l’Unité Audit Hôpitaux est d’augmenter la qualité, la performance, la conformité et l’efficacité des soins de santé organisés et dispensés par les hôpitaux. L’objectif est double :

  • Créer une valeur ajoutée à la fois pour les patients, les hôpitaux et les pouvoirs publics
  • Optimiser l’utilisation des moyens fédéraux disponibles prévus pour les soins de santé.

Retrouvez le rapport d’audit « césariennes » sur le site web de l’INAMI.

Contact presse

Sandrine Bingen, TeamComm INAMI : communication@riziv-inami.fgov.be, +32(0)2 739 72 06
Ann Eeckhout, porte-parole AFMPS : ann.eeckhout@fagg.be, +32 (0)2 528 40 12
Vinciane Charlier, porte-parole SPF Santé publique : vinciane.charlier@health.fgov.be, +32 (0)475 93 92 71